Roseaux
Collectif de songwriting
Émilien AUMARD, Clément PETIT & Alex FINKINE
composition, réalisation & production
Roseaux II (2019)
« Régal » ou « moment de grâce » pour les uns, « disque qui fond littéralement dans les oreilles » pour les autres, chacun tentait à sa manière de traduire le plaisir que procurait en 2013 l’écoute du premier album de Roseaux, projet atypique amoureusement ciselé par une petite fraternité de talents parisiens aussi hétéroclites que complémentaires. Car entre Emile Omar, ex-programmateur de Radio Nova, producteur de disques & chantre de la musique antillaise sur les dancefloors, Clément Petit, violoncelliste & réalisateur navigant entre musique improvisée (Space Galvachers, Naîssam jalal), et chanson (Blick Bassy, Ben l’Oncle Soul, Nicolas Jules), et Alex Finkin, réalisateur & multi-instrumentiste, aussi bien à l’aise dans les musiques électroniques, la soul, que dans la chanson française (...), les différences pèsent moins que les adhésions.
Au centre de leurs affinités on trouve beaucoup de musiques noires américaines, soul et jazz bien sûr, mais aussi house et hip hop. Avec des extensions vers le folk, la musique antillaise et africaine, la bossa nova d’où il ressort un fort attachement au format chanson. Cette conspiration à trois s’est trouvée très vite justifiée par l’omniprésence sur ce premier opus d’Aloe Blacc, voix d’exception connue pour son hit de 2010 I Need A Dollar dont la tessiture et la sensibilité est venue doter d’évidence un premier opus de 11 chansons.
Cinq ans se sont depuis écoulés au cours desquels, à défaut d’étoffer sa discographie, Roseaux a fait croître ses racines. Le nouveau répertoire de Roseaux 2 est le produit d’une longue et patiente fécondation au cours de laquelle le trio aura souvent avancé à tâtons, « un peu comme dans une chambre noire ». C'est qu'entre ces trois artistes aux profils singuliers, s’est vite imposée la nécessité de définir un langage commun, avec des mots précis, évocateurs, sollicitant parfois d’autres sens, comme le goût ou l’odorat. De sorte que l’on peut parler ici de cuisine entre amis aux multiples saveurs, aux parfums connivents, où ne sont admis qu’instruments acoustiques et sonorités naturelles. « En fait ce disque, malgré son habillage relativement dépouillé, c’est vite devenu un foutu chantier avoue Clément, avec des discussions passionnées, parfois âpres, sur chacun des morceaux [...]. » Heureusement que l’élaboration de ce petit festin s’est faite sur le long terme (4 ans), avec une relative absence de contraintes et dans la sécurité d’un lieu, le Minimal Studio près du Parc Montsouris, dont Alex possède les clefs. En somme, du travail d’orfèvre.
Si aujourd’hui l’on parle volontiers de roman choral pour définir une œuvre construite autour de plusieurs narrateurs, l’expression « disque choral » demeure encore inusitée pour une réalisation comme celle ci, ne relevant pas de l’opéra. Le concept du multi featuring est pourtant dans l’air depuis un bon moment, chez Massive Attack, Gorillaz, Diplo avec Major Lazer par exemple. Pour ce Roseaux 2, nos trois mousquetaires ont donc sollicité la présence de chanteurs et chanteuses choisis pour la texture de leurs voix qui, mieux qu’habiller, incarnent avec grâce et sincérité des mélodies « écrites à la note près » où l’enjeu concerne la justesse émotionnelle et non l’improvisation. Cette palette vocale d’une rare diversité d’expression va du feeling « à l’ancienne » du bien nommé Ben L’Oncle Soul aux intonations vaporeuses de la franco-québécoise Anna Majidson, de la pureté minérale d’Olle Nyman à la mélancolie tropicale du camerounais Blick Bassy. Et du grain languide et sensuel de Melissa Laveaux à la spiritualité archangélique d’Aloe Blacc.
Alex finkine (Claviers, piano, guitares),
Clément Petit (Violoncelle, perc),
Fidel Fourneyron (Trb)
Fabrice Theuillon (Sax)
Izidor Leitinger (Trp, bugle, melophone)
Claudio « Cacao » Queiroz (flûte)
Julien Loutelier (Batt) & Octave Ducasse (Batt sur « Dayly Bred »)
Simon Drappier (Contrebasse)
Brice Perda (Euphonium, tuba)
Sylvain Hamel (Clar)
La Chorale Apostroph’
Renaud Létang (Mix)
Benj HEUZÉ (Artwork)
Un disque Fanon Record / Tot ou Tard.